L’entreprise A fait partie de ces grosses sociétés de services informatiques françaises « low-cost » dont le modèle social est simple : recruter des jeunes ingénieurs sortis d’école qui recherchent une première expérience pour ajouter une ligne à leur CV. Les rémunérations sont peu élevées et les augmentations de salaires limitées, sauf pour les perles rares. Les temps de formation sont inexistants. Le turn-over avoisine les 50%, mais peu importe ! Cette entreprise mise sur le fait qu’il y aura toujours des jeunes à recruter oubliant qu’elle se retrouve face à l’arrivée sur le marché du travail de la Génération Z.
Nombreuses entreprises n’arrivent plus à recruter faute d’attractivité et quand elles y parviennent, elles sont confrontées à la problématique de fidélisation. Mais que veut la Gen Z enfin ? Serait-elle feignante ? En réponse, elle nous retourne une autre question : qui a envie de travailler dans une entreprise qui va à contre-courant de ses aspirations et de ses préoccupations, avec des horaires impossibles et qui plus est, offre une rémunération qui ne permet même pas de vivre dignement ?
Alors que les générations précédentes s’y résignaient, la Gen Z s’y refuse. Elle recherche l’entreprise qui lui offrira un travail qui a du sens à ses yeux. Pour elle, il ne suffit pas « de traverser la rue pour trouver du travail » !
Alors c’est quoi un travail qui a du sens pour la « Gen Z » ?
Un emploi qui répond aux enjeux sociétaux
Selon une étude réalisée en 2021 à l’échelle mondiale dans le cadre de « HeForShe » plus de la moitié de la Gen Z refuserait de travailler pour une entreprise qui ne partage pas ses valeurs. Il n’est donc pas surprenant qu’un groupe de plus de 800 étudiants a signé une tribune sous le titre « nous jeunes diplômés, ne travaillerons pas pour TotalEnergies s’ils continuent à lancer des pipelines géantes ». La Gen Z demande aussi que les entreprises prouvent leur engagement par des actions concrètes en matière de réduction de l’impact climatique ou encore de lutte contre toute forme de discrimination ou d’inégalité. Toujours chez TotalEnergie, si 62% de sa communication mentionne des activités vertes, seulement 25% de ses investissements en 2022 iront vers des projets à faible émission de carbone (Rapport influence Map, septembre 2022). Même si elle est jeune, la Gen Z n’est pas dupe !
Un juste partage de la valeur ajoutée
Si les enjeux sociétaux sont une priorité dans le choix de leur employeur, les jeunes ne sont pas prêts pour autant à faire des concessions sur le salaire qu’ils estiment comme un juste retour de leur contribution. Cela est d’autant plus vrai qu’ils rejettent les profits outranciers et que le partage équitable est une notion intégrée dans leur référentiel de valeurs.
Un emploi qui respecte l’équilibre de vie
Même si son rapport au temps a évolué, la Gen Z emboîte le pas à ses ainés et attache de l’importance à la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. La crise sanitaire a aussi mis en exergue la pénibilité des temps de trajet « domicile – travail ». Le télétravail est désormais un critère de choix pour accepter un emploi. Le débat des 35 heures n’en est plus un, la Gen Z ne l’a d’ailleurs jamais connu. Les RTT sont devenues la norme et la Gen Z envisage déjà la semaine de 4 jours.
Un emploi qui évolue aussi rapidement qu’elle traite l’information depuis son plus jeune âge
La Gen Z est la première génération à avoir toujours connu Internet. Elle est hyper connectée et habituée à scroller d’une information à l’autre. Conséquence, au travail, elle recherche rapidement de nouvelles taches, de nouvelles missions. A défaut, elle recherchera une nouvelle entreprise qui répondra à ses aspirations.
Jusqu’à se détourner d’un emploi salarié
Si l’offre des entreprises ne répond pas à ses attentes, la Gen Z est prête à travailler pour son propre compte, d’autant plus qu’elle est aussi en quête d’autonomie. Selon l’étude pour « HeForShe, près d’un jeune sur 4 envisage d’être son propre employeur.
Pourtant, la Gen Z a de nombreuses qualités : elle est déterminée, engagée, sociable, auto-apprenante etc… Elle est également prête à faire des compromis, car elle souhaite aussi de la stabilité. Il est néanmoins crucial que les entreprises montrent ce qu’elles peuvent leur offrir, et ce en quoi elles croient pour se rapprocher d’elle. A défaut, les difficultés de recrutement déjà observées ne feront que s’accroître. Même si la réduction de la durée d’indemnisation du chômage en période dite de plein-emploi obligerait les jeunes à accepter des postes qui ne répondent pas à leurs attentes, quel en serait le gain pour l’entreprise et la collectivité en général ?
Les Dirigeants d’entreprise devront réinventer leur modèle social et plus généralement sociétal et environnemental, pour capter les talents de demain. On ne parle pas des seuls talents issus des grandes écoles prisées, mais bien d’une large proportion de la nouvelle génération.